C’est la deuxième fois que notre association déroge à la règle qui veut que tout bateau qui rentre dans nos locaux ait un propriétaire, y compris ceux qu’on nous donne et que nous ne reprenons qu’après avoir trouvé un passionné susceptible de mener à bien la restauration qui lui permettra d’avoir une seconde vie.
Des « tas de planches » qui pourrissent aux quatre coins du Léman et d’ailleurs, il y en a beaucoup, beaucoup plus malheureusement que de bras pour les refaire et les entretenir…
La première exception est le 6.50 SI « Ara », construit en 1928 au Havre pour Paul Vignet président du SNLF de Thonon, qu’il fallait mettre à l’abri d’urgence (10 ans sur un parking!) et dont nous avons tous les documents d’époque.
Le bateau a été mis au sec et stabilisé (ponçage, décapage et traitement anti-fongique) et il attend sereinement désormais une équipe de deux ou trois passionnés pour être restauré.
Mais revenons au canot qui nous occupe!
Fin Janvier 2010, j’apprends par Jean-François Andrier, membre de la commission technique de l’AVAL, qu’il y aurait un canot à récupérer à Mésinges. Rendez-vous est pris avec son propriétaire Vincent Buisson qui veut nous le donner pour une première visite sur place…
Et on voit que l’amour des bateaux bois mène à beaucoup de choses:
Culture cynématographique… Ooookai!
Spéléologie…
Et oui, il a fallu passer entre le « char » agricole sur lequel le canot est posé et la bâche…
Le 28 Mars 2010, les membres de l’association se retrouvent nombreux pour un peu d’exercice:
Culture physique… Une, deux…
Matelotage…
Examen médical…
Le canot est en acajou, il mesure 5.25 mètres de long, et autant qu’on peut le voir, il s’agit vraisemblablement d’une construction Quiblier à Coudrée (Sciez)
L’examen laisse d’ailleurs prévoir quelques séances de remise en forme. Comme d’habitude avec les bateaux qu’on nous donne!
Culture physique toujours…
Vous avez raté le meilleur: Le salto arrière carpé pour passer le canot du char agricole sur la remorque: Il y avait besoin de bras et le photographe a été mis à contribution!
… Mais après tout, vous n’aviez qu’à être là! Et il n’est pas trop tard: Il y en aura d’autres…
Vincent Buisson nous fait don également d’une yole stockée dans son atelier depuis fort fort longtemps (et qui avait dû connaître une vie trépidante avant!)
Tétris…
Le transport s’est bien passé…
Le canot et la yole arrivent à l’atelier.
Spéléologie!
La yole n’est définitivement pas récupérable, mais ça ne nous empêche pas de remettre en place son accastillage et sa structure pour comprendre sa construction…
Le canot rejoint son emplacement
Et dans les semaines qui suivent, les travaux commencent: Priorité au démontage et au décapage pour faire le bilan des travaux à effectuer.
Démontage du carque (pont avant) et des bancs
Décapage des (nombreuses) couches de peinture…
Les travaux, organisés de main de maître par Pierrot et Michel, donnent le bilan suivant:
Partie avant seine, ce qui n’est pas évident avec un coffre fermé source de condensation. Seuls la préceinte (bordé du haut) et le plat bord ont souffert du reclouage du pont (à tribord) et de la jonction mal faite avec le brise-lames des deux côtés. On le voit très bien sur la photo ci-dessous, il y aura un peu de bois à refaire…
Dans les fonds, il y a une douzaine de courbes (membrures) à changer, principalement à l’arrière tribord, ce que nous avions vu dès le début. Deux varangues de fond sont à refaire, toujours à l’arrière, ainsi que tout ou partie de deux bordés de coque.
Le but étant de transformer ce canot du Léman en chaloupe (canot gréé), avec une voile latine ou aurique, le trou visible à tribord dans le galbord et le ribord (les deux bordés longeant la quille) n’est pas un problème: Il va nous falloir construire un puits de dérive qui sera latéral à la quille car celle-ci ne mesure que 7 cm de large. Et devinez quoi? Le trou dans les bordés est pile poil au bon endroit!
Il est en effet périlleux de passer la dérive dans une fente à travers une quille de moins de 10 cm, ou alors cela nécessite des travaux de renfort que nous ne souhaitons pas entreprendre pour ce projet. Par ailleurs, de nombreux canots gréés, y compris construits ou transformés par des professionnels, bénéficient sur le Léman d’un montage à dérive latérale et non à travers la quille sans que cela nuise en rien à leurs performances.
Les travaux sont interrompus pour la saison d’été, le temps de naviguer un peu, et aussi de prendre contact avec Noël Charmillot, mémoire vivante des vieux gréements du Léman et Jean-Philippe « Mayu » Mayerat, le pape des canots, afin de finaliser nos options (taille de la dérive, surface et type de la grand voile…)
La reconstruction reprendra dès cet automne, et si vous êtes intéressés par ce type de projet, faites-vous connaître: Nous sommes preneurs de toutes les bonnes volontés.
Il y a, par ailleurs, beaucoup d’autres canots à sauver et j’en connais personnellement 2 ou 3 qui ne demandent qu’à être restaurés par un amoureux du bois motivé, si vous préférez travailler à titre individuel…
Et comme on m’a appris que pour bien vendre un projet, il fallait faire rêver, voici une dernière image…
JF Traini